« Tu es une bombe à retardement. », c'est ce que t'as dit ton psychiatre, juste après la mort de tes parents.
Mort que tu as toi-même causé à l'âge de douze ans.
Isolé du reste du monde, on t'a imposé ces quatre murs que tu te devais de contempler. Jusqu'à ta majorité, tu as enchaîné psychiatres, psychologues, fermé comme un Coquiperl et refusant de communiquer. Jusqu'à elle.
Elle a réussi à te faire parler.
Après plusieurs séances, elle a compris sans pour autant excuser la gravité de tes gestes. Tu as vécu dans un environnement toxique, un endroit où ce qui aurait dû être le confort d'une maison familiale ressemblait davantage à un sombre cachot, froid et humide. Les nombreuses marques sur ton corps sont les témoins de ton malheur - tu étais un enfant maltraité. Un enfant lunatique et rêveur, mais aussi une nuisance selon tes parents. Tu as fugué. Trois fois. Mais tu n'avais nulle part où aller. Tout ce que tu connaissais résidait dans ce cachot. Sombre, froid et humide.
« Pourquoi avoir mis le feu à ta maison ? » t'avait-elle demandé.
« Ils ont brûlé mes carnets. » avais-tu répondu. Te remémorant l'événement qui avait brisé quelque chose en toi - s'il restait quelque chose à briser. Pendant des années, ta seule porte de secours était les histoires que tu écrivais. Écrire, c'était survivre. Tu t'évadais grâce aux crayons et aux feuilles de papier. Des centaines, des milliers de mots formant récits et histoires souvent peu joyeuses, mais qui te faisait oublier. C'était ton échappatoire. Et un jour, ils les ont trouvé. Cachés sous ton lit, éparpillés sur le plancher de bois délabré. Ils les ont jeté dans la cheminée, réduisant tous tes espoirs en fumée. Ils ont éteint la seule flamme qui osait encore frétiller au centre de ton âme déchirée.
C'est comme si, l'instant d'une seconde, toute rationalité avait quitté ton corps, ton esprit et ton coeur. Tu as mis le feu à cette demeure maudite pendant la nuit - ce fut un scandale à Romant-sous-Bois. Cette petite ville pourtant si tranquille venait d'être témoin d'un crime irréparable. Tu as failli y rester, toi aussi. Heureusement - ou malheureusement - pour toi, tu n'as été brûlé qu'au premier degré et la majorité de ton corps n'a eu que des blessures mineures. On a pu te sauver. Peut-être ne voulais-tu pas réellement être sauvé.
Mais le destin ne se choisit pas, n'est-ce pas ?

Tu as été interné à Illumis pendant plusieurs années, car tu n'étais pas en âge de pourrir en cellule. Ils cherchaient à... réparer ton esprit brisé. En quelque sorte, ils ont réussi. Ils ont réussi à te faire mentir pour t'en sortir. Tu disais que tu allais mieux, que tu regrettais ton geste - tu disais que tu voulais devenir une meilleure personne.
La vérité, c'est que tu voulais ressentir les rayons du soleil sur ta peau à nouveau. Goûter à la liberté et fuir. C'est à l'âge de dix-neuf ans que tu quittes enfin ta cage pour retourner à Romant-sous-Bois. Sans un sou, tu as dû enchaîner les petits boulots - ceux qui te permettaient de travailler sans la moindre formation. Tu as pu te trouver un appartement miteux mais fonctionnel. C'était un nouveau départ.
Tu as repris l'écriture, comme si cette passion n'avait jamais pu s'effacer. Tu passais tes nuits à écrire sur cette machine que tu avais eu la prétention de t'offrir avec le peu d'argent de poche supplémentaire que tu avais. Tu tapais - encore et encore - permettant à tes idées de prendre vie. Tu as terminé ton premier livre à l'âge de vingt-et-un an. Il était inspiré de ton histoire ; un jeune garçon brûlant la maison de ses parents avant de sombrer dans la folie. Tu étais parvenu à créer une fiction à l'aide de fragments de ton passé.

Et tu as eu de la chance. Une chance que tu ne pensais pas possible. Une chance que beaucoup de jeunes auteurs rêveraient d'avoir. Ton livre a été publié et en l'espace de quelques semaines, il s'est vendu à plusieurs milliers d'exemplaires - ce qui était impressionnants pour les petites villes de Kalos. Ton livre, « pluie cendrée » est devenu un best-seller à l'international et tu as encore aujourd'hui du mal à comprendre pourquoi Arceus a décidé de t'offrir ce cadeau. C'était en temps de guerre et Kalos avait commencé à s'allier à Unova pour leur défense, la peur régnait dans les rues et les habitants de Kalos avaient sans doute besoin d'un peu de divertissement. Tu ne l'as pas fait exprès, mais tes écrits sont arrivés au bon moment. Rapidement, avec l'argent amassé, tu as pu quitter tes petits emplois pour vivre de ton oeuvre. Tu as publié un second livre deux ans plus tard, surfant sur l'engouement du premier. Il s'est aussi bien vendu, sinon plus. Cette touche horrifique que tu apportais à tes histoires semblaient plaire au grand publique, notamment dans ta ville natale - on connait Romant-sous-Bois et son attrait pour le paranormal.

Mais ton passé t'a rattrapé. Parce que même si tu signais tes romans sous le nom de Percy Auvery et non pas Percival, certaines personnes ont reconnu ton nom. Le garçon qui a tué ses parents.
Très vite, les éditeurs ont refusé de publier tes livres. Ils ne voulaient pas risquer de se retrouver dans un scandale par ta faute. Alors que tu avais presque terminé d'écrire ton troisième livre, c'est comme si ton rêve était en train de glisser entre tes doigts. Vivre sans l'écriture était impensable - tu avais besoin de t'évader, de créer - tu avais besoin qu'on lise ce que tu avais à écrire. Mais on n'échappe pas à ses erreurs passées.

Entre temps, la guerre à Unova avait pris fin. Tout était devenu plus calme dans les rues de Kalos. Tu aurais pu te contenter de l'argent ramassé avec tes deux best-sellers - parce que franchement, tu en aurais eu assez pour vivre aisément pendant un petit moment. Mais on ne sépare pas l'artiste de son art - on ne sépare par l'écrivain de ses écrits. Tu avais un don, une éloquence, les mots juste pour captiver. Tu ne devais pas perdre ça.
Tu avais besoin d'un nouveau départ.

Tu as déménagé à Unova en 1937 à l'âge de vingt-quatre ans. Tu savais que rester à Kalos, autant attachée à elle étais-tu, te mènerais à ta perte. Trop d'éléments te laissant figé dans le passé. Tu avais besoin d'un vent de fraîcheur - d'un endroit où tu pourrais continuer à écrire. Tes livres se vendaient bien dans cette région aussi, et en plus, les permis Pokémons commençaient à faire parler d'eux. Tu étais fasciné par l'idée d'en savoir plus sur ces spécimens. Cependant, peu de temps après ton arrivé, il y a eu l'assassinat de Carolina Manchester. Tu as été contraint d'attendre avant de publier ton troisième livre - celui-ci impliquant des meurtres, tu ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie d'une nation déjà endeuillée. Tu as pris une petite pause pour t'accommoder à ta nouvelle maison, tu as enfin pris la décision de sortir. Tu as fait des rencontres, tu as eu quelques aventures - tu as même rencontré des lecteurs aguerris de tes oeuvres, ce qui t'a donné de la confiance pour reprendre l'écriture. Ta rencontre la plus marquante a sans doute été celle de ce jeune rouquin, croisé lors d'une soirée dans un bar. Il s'appelait Laslow. Il avait ce petit quelque chose en plus, qui fait qu'encore aujourd'hui, il t'arrive de penser à lui - et à cette nuit. Mais Percy, tu es trop brisé et occupé pour penser à une quelconque histoire romantique. Tu as d'ailleurs rejoint l'erudition covert - l'un des chercheurs en charge était un amateur de tes livres. C'est contre une copie en avant-première de ton prochain roman que tu as pu te joindre à l'équipe sans nécessité la moindre formation - sans doute devrais-tu te sentir coupable, mais ce n'est pas le cas.
De toute façon, ta fascination pour les Pokémons devenait grandissante. Tu voulais réellement approfondir les recherches et peut-être que ces futures découvertes pourront te donner de l'inspiration pour tes histoires.

(j'attends mon starter pour écrire la fin hgfdjs)

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