Un soupir emboucané de ta précieuse nicotine, un vice que ta douce ne saurait encore approuver mais honnêtement? Tu préfères détruire tes poumons que détruire ton foi. Un des moins souffrant que l’autre, enfin il parait. Vous n’avez pas les recherches scientifiques pour le prouver encore. Et si tu avais l’habitude d’entendre les complaintes de Briar face à ta sombre petite addiction au tabac, pour une fois, tu n’étais pas en sa douce présence »
Pour une fois, tu faisais quelque chose qui te rendait heureux.
Pour une fois, tu renouais avec tes hobbies de petit citadin oublié.

Car si on peut arracher le garçon à la ville, il est plus difficile d’arracher la ville au garçon.

Oh mais tes dessins n’étaient pas complètement égoïste.
Puisque si tu retournais en Corabyss pour t’y perdre le temps d’une journée, tes songes ne pouvaient se passer de ta tendre épouse. Et ce, encore plus alors que tu foulais le pavé qui dessinait les routes de la Plaza Joliperl.
Une autre magnifique journée en Corabyss et ce, malgré le froid du mois de Janvier.
En effet, Corabyss s’était recouverte d’un léger manteau blanc, d’ailleurs, une fine petite pluie de flocons dansait dans les rues, parmi la foule bien présente pour ce jeudi après-midi.

Les enfants s’esclaffaient, les tourtereaux profitaient d’une agréable journée d’hiver, les quelques calèches déambulaient doucement au rythme des citoyens de Corabyss. Heureusement, les Galopa ne semblaient guères gênées par la pluie de neige.

Et toi pendant ce temps?
Tu étais posté contre un lampadaire, cigarette à la bouche, n’entrouvrant que légèrement les lèvres pour souffler ta boucane, alors que tu soulevais dans tes mains un œuf.


« Tu vas voir mon garçon! Dans cet œuf se trouve un Pokémon tellement rare et tellement puissant! Ah! Il pourrait faire de toi le roi de tout Unova!! »

« … Le roi d’Unova…? Voyons, il n’y a pas de roi en Unova… »

« C’est ce que tu crois mon enfant! Mais tu découvriras tout ou tard le destin qui t’est réservé! Bon, je suis d’humeur généreuse, que dis-tu de 1 500 P$ pour cet œuf? »

« 1 500P$?! C’est le Centre Pokémon qui se fout de la charité, oui… »

« Bon bon… Disons 1 250P$ alors… »

«  700P$. »

«  1 200P$. »

« 750P$. »

«  1 000P$, c’est ma dernière offre »

« Oh c’est bon, va pour 1 000P$.... »


… Oh mais qu’est-ce qu’allait en dire Briar, que tu venais de liquider une partie de vos économies sur un soi-disant œuf royal? Tu avais intérêt à y découvrir un Reshiram dans cet œuf, si tu ne voulais pas vire l’un des premiers divorces de tout Unova.
Enfin, tu avais plus important à gérer, car si deux enfants venaient te bousculer, voilà que tu titubais au passage, non sans échapper ta pauvre cigarette à même le sol.

« Hey, faites donc attention, un peu! »

« Déso’ m’sieur! »
Et sous les éclats de rires du gamin, tu pestais non sans te baisser pour récupérer ton mégot de cigarette… trempé… Bon, tant pis pour ton addi… hey.
Mais où était ton œuf d’un coup?!
Tu te redressais rapidement, regardant à gauche, puis à droite alors que ça te frappait soudainement… On venait pas de te voler ton œuf d’un coup?!

« He-hey! Ma couronne..! »

Et alors que le gamin s’éloignait davantage de ta personne, voilà que ton élan était brusquement arrêté par une inconnue. En même temps, pouvais-tu t’étonner que la place publique soit aussi occupée à pareil heure?
Est-ce que tu réalisais seulement la gravité de la situation dans laquelle tu te mettais en ce moment, Kielo?  Alors que tu voyais ton achat impulsif, et forcé, s’envoler devant tes yeux. Alors que tu réalisais qu’à ce moment que tu venais de te faire arnaquer. Alors que tu serrais du poing, non sans t’élancer à la poursuite d’un pauvre gamin.
Mais avant que tu n’ai la chance de te lancer dans une course poursuite, tu te faisais arrêter par une femme? Oh si tu te crispais, tu plissais même du nez au passage, non sans te reculer tout en étirant le cou pour tenter de mieux voir derrière elle.

« … Oui, ce sale garnement m’a dérobé un achat de grande valeur! »

Oh calmes-toi un peu, non?
Tu inspirais longuement par le nez, non sans croiser les bras au passage.
Tu n’avais pas le temps à la discussion mais pouvais-tu seulement bousculer une étrangère qui semblait s’intéresser à ta situation?
Sauf si… Elle était complice à ce gamin? Ou même a ce vendeur?
Mais plus tu réfléchissais et plus tu sentais la moutarde te monter au nez, ah clairement, ça n’allait pas pour toi.

Quelle était cette idée d’écouter un vendeur trop insistant qui peinait à comprendre le sens du mot ‘non’.
Bon, tu n’avais pas aidé à la situation et justement… Cette pauvre femme ne semblait pas totalement comprendre ce qui t’arrivait. Ce pourquoi tu soupirais bien lourdement.

« Le truc c’est… Il y a ce vendeur, il m’a promit un œuf qui saurait nous rendre riche, mon épouse et moi. Et cet œuf m’a couté de nos économies. Et si je rentre au village sans œuf, ni économie, je doute revoir la lumière du jour. »
N’étais-tu pas trop dramatique en ce moment?
« Enfin, je l’adore mon épouse! Mais elle dit souvent que je prend des décisions impulsives et… » Elle n’avait pas complètement tort…. « Et je tiens vraiment à l’aider… »
Un autre soupir venait à fuir tes lèvres, alors que tu plongeais tes mains dans tes poches.
« J’aurai bien accroché la gendarmerie mais c’est qu’un œuf… C’est pas si sérieux comme délit… »
As-tu seulement essayé d'obtenir de l'aide ou as-tu simplement assumé qu'on te tournerait le dos?