Le travail, toujours le travail. Tu te tuerais, à force de t’enterrer en-dessous. Mais pour toutes ces années que tu as perdues à l’hôpital, il fallait compenser, non ? Pour tenir l’honneur des Elwood.
Et tu étais toute seule, enfin, sauf quand il était question de Kielo qui faisait les achats au village pour toi. Et d’ailleurs, pour ces nombreuses bouteilles de lait qu’il avait été vendre au magasin général, tu savais qu’une certaine somme pourrait vous faire tenir la fin des durs mois de l’hiver qui achevait, avec sa météo inconsistante. Et d’ailleurs, le froid du vent qui annonçait la pluie te mordait les os, et tu voyais les nuages menaçants venir accaparer le ciel. Ta Chaglam venait trouver refuge sous le lit et tu le savais; une tempête menaçait votre confort, aujourd’hui.

En soupirant, tu venais regarder tes petites Écremeuh et Banjo, qui se prélassaient doucement dans leur enclos alors que tu venais soupirer. Tu allais devoir couper leur moment de plaisir pour venir les mettre à l’abri.

Tu mettais le pied dehors que le vent t’agressait, venant faire virevolter tes mèches d’ébènes alors et ta jupe pendant que tu ouvrais les portes de la grange et de l’enclos. Quel dommage que Pooh ne soit pas là pour t’aider.

« Banjo ! Tu dois rentrer, mon beau… »

Évidemment, Banjo, le seul Tauros du lot, il comprenait. Il guidait d’ailleurs les trois Écremeuh pour qu’elles retournent dans la grange, bien à l’abri chacune dans son box respectif. Tu ne manquais pas d’ailleurs de te battre avec les portes qui menaçaient à tout coup de céder sous le vent, et d’ailleurs, c’était de mal en pire… Encore pire lorsque les gouttelettes venaient tacher ta chemise. Le froid venait transpercer ton corps soudainement alors que les gouttes devenaient de plus en plus agressives; tu devais impérativement te mettre à l’abri.
Tu venais pousser de toutes tes forces pour fermer la lourde porte de la grange, sous l’œil inquiet de ton Tauros, et une fois verrouillée, tu t’empressais de retourner sur le porche de ta petite maison de campagne. Le plan, c’était de te mettre à l’abri, enfin, jusqu’à ce que…

« …Kielo ? »

Jusqu’à ce que tu ne vois quelque chose d’improbable; une voyageuse. Oh, il n’y en avait pas souvent, par ici. Et d’ailleurs, tu remarquais que Pooh s’était déterminé à faire de ses chevilles le meilleur os qu’il n’a jamais pu recevoir de sa vie.
Quelle idée d’adopter un sale cabot, Kielo…

Et parlant de lui, ton mari se lançait rapidement à la poursuite de son canidé pour l’arrêter dans son élan; tu pouvais attraper des bribes de ses supplices et ses excuses entre les cris de surprise de la voyageuse et les grognements du Pokémon. Tu soupirais, venant rapidement attraper une écharpe à l’intérieur pour venir couvrir tes cheveux, avant de te lancer sur la pluie qui venait fouetter ton visage.

« Mais qu’est-ce qui se passe ici, enfin ?! »

Sous ta voix sévère, le trio semblait figer. Oh, tu savais très bien discipliner les Pokémon; tu étais la dresseuse de Banjo, après tout.

« Pooh ! On ne mord pas le chevilles des étrangers ! » tu disais, en levant le doigt de manière autoritaire.

Et d’ailleurs, le petit canidé venait délaisser sa proie du jour, laissant une trace de salive tacher les pantalons de cette pauvre jeune femme.

« Et toi, Kielo ! »

Tu te retournais vers ton mari. Oh, tu savais très bien le discipliner, lui aussi, d’ailleurs…

« Tu as ramené cette bête à la maison, c’est la moindre des choses de t’en occuper proprement. Cette pauvre voyageuse a un pantalon tout sale, dont les rebords sont déchirés, par la faute de ton cabot, maintenant… »

Tu venais soupirer en te massant entre les yeux alors que tu te retournais vers la jeune fille aux cheveux d’argent.

« Pardonnez-moi, vous n’êtes pas blessée ? Si vous me permettez, je peux recoudre le rebord de votre pantalon… Non, non, j’insiste, vraiment… »

Et d’ailleurs, un gros coup de tonnerre ne manquait pas à te faire sursauter, alors que la pluie commençait à se faire encore plus agressive qu’elle ne l’était déjà.

« Peu importe, vous allez rentrer que ça vous plaise ou non; c’est un temps à ne pas mettre un Medhyena dehors ! »

Tu venais prendre le petit Medhyena sous ton bras, puis tu attrapais le bras de cette jeune femme, non sans faire signe à Kielo de se dépêcher également, pour venir les inciter à rentrer dans votre maison, au chaud et au sec. Tu te défaisais de cette écharpe, que tu venais accrocher le manteau de cette jeune fille et celui de ton mari pour leur permettre de sécher proprement.

« Je vous fais du thé ? »

Tu t’adressais autant à cette étrangère qu’à ton mari.
D’ailleurs, en voyant une invitée, ta petite Chaglam ne manquait pas à venir l’accueillir, la queue relevée en miaulant joyeusement, en faisant tinter la clochette qu'elle portait au cou. Par chance qu’elle était aussi sociable !