Emmitouflée dans ton manteau blanc, tu regardes le soleil se lever enfin en sirotant un café chaud. Pas de réapprovisionnement en thé aujourd’hui. Pas de chance. Tu soupires et poses le menton dans ta main. Heureusement qu’Hemera est là ! Tu pourras profiter de ses feuilles ce soir en rentrant de ta longue journée. Tes lèvres fines s’étirent à cette pensée et tu reprends ta tasse fumante entre les mains, savourant la chaleur qui se diffuse dans tes mains gelées. Tu dois bien être la seule folle à prendre un café en terrasse sur la place du marché si tôt le matin. Peut-être bien, mais ça ne te dérange pas. Tu apprécies ce moment de silence et de solitude où seuls les bruits endormis de la grande ville se font entendre. Le calme avant la tempête, avant le grouillement des milliers de gens de passage dans la belle capitale Unovienne.

Alors que tu termines ton breuvage, tu jettes un œil au clocher de la ville. Tu vas régler ta consommation et souhaites une bonne journée aux gérants de ce petit café où tu t’arrêtes quasiment chaque matin. Tu prends alors le chemin des galeries Victini où tu as ta boutique et ton atelier. Aujourd’hui est un jour un peu particulier puisque tu ne seras pas seule dans ton travail. En effet, il y a quelque temps tu avais offert à Emiko O’Hara de prendre en apprentissage tout orphelin qui pourrait être curieux ou s’intéresser à la joaillerie. Jusque là tu n’avais jamais eu de retour, mais tu avais bien spécifié que c’était une offre sur le long terme, ce pouvait être demain comme dans trois ans, tu serais toujours ravie de pouvoir transmettre ton métier à la jeunesse. Et c’est aujourd’hui que tu vas commencer. Tu es quelque peu nerveuse, mais aussi très excitée à l’idée de cette nouvelle expérience. Tu te rappelles mentalement d’être patiente, indulgente, bienveillante et de ne pas ressemble à ta mère avec son obsession de la perfection. Cette jeune personne est ici, sous ta responsabilité, pour apprendre et, qui sait, trouver sa voie.

Les galeries Victini s’éveillent peu à peu. Tu relèves le rideau de fer de ton enseigne et allumes les lumières. Tu te débarrasses de ton manteau et prépares ta boutique pour l’ouverture. Tu libères Hemera qui se réveille enfin. La Chlorobule te salue d’un petit cri et te tourbillonne autour avant de faire sa petite vie dans les locaux. Dans un sourire, tu la laisses faire, et te mets derrière le comptoir pour faire les réparations de bijoux que tu peux faire aisément sans avoir à te salir afin de rester présentable pour la clientèle et ton élève du jour, que tu attends avec impatience.